Journal du Mardi 5 juillet 2017
Terrorisme / Le verdict de la commission
200 heures d’auditions, 190 entretiens, la commission d’enquête parlementaire sur les attentats parisiens vient de s’achever. 39 propositions émanent du rapport des députés. Des propositions votées à l’unanimité ce matin même. Alexandre Rivet.
Chérif et Saïd Kouachi, Amédy Coulibaly, Salah Abdeslam, Abdelhamid Abaoud… Tous ces noms qui ont mis la France à genou en janvier et novembre 2015 ont un point commun… Ils étaient bien connus des services de renseignement. Comment ont-ils pu préparer leurs attentats sans éveiller les soupçons ? Quels dysfonctionnements ont rendu ces attaques possibles ? Comment réussir à éviter les prochaines ? C’est à toutes ces questions que devait répondre la Commission d’enquête parlementaire sur les attentats, présidée par Le Républicain, Georges Fenech.
La France n’était pas prête à faire face à de telles attaques et les attentats du Bataclan n’auraient pas pu être évités. Voilà la toute première conclusion émanant de la commission parlementaire. Les diverses auditions ont mis en évidence des failles dues aux ruptures dans les dispositifs de suivi des personnes fichées. C’est ainsi que Saïd Kouachi, l’un des terroristes de Charlie Hebdo, est passé entre les mailles du filet. En effet, le dispositif de surveillance le concernant s’était arrêté 6 mois avant qu’il ne commette les attentats. Pour pallier ces erreurs, la commission d’enquête projette la création d’une agence nationale de lutte antiterroriste après une refonte totale des services de renseignements. Si la proposition peut sembler utile, il n’en reste pas moins que cette agence constituera encore une nouvelle structure dans la grande maison des renseignements, dont les services rencontrent déjà de grandes difficultés pour communiquer efficacement. L’idée de fusionner plusieurs services entre eux va toutefois dans le bon sens de la simplification… Reste à savoir dans quelle mesure ce souhait est applicable.
Les renseignements devront également renforcer leur présence dans les prisons afin de ne pas perdre de vue les potentiels terroristes en cas d’incarcération…
Les députés ont également évoqué la possibilité de fusionner les 3 groupes d’élite, la BRI, le RAID et le GIGN. Une proposition clairement critiquée par Bernard Cazeneuve lors de son audition.
Les parlementaires se sont penchés sur la politique pénale et ont proposé la fin des réductions de peine.
Un autre volet porte sur les possibilités d’amélioration des services de secours pour parer au mieux aux attaques de grande ampleur. Les personnels de santé d’urgence seront ainsi formés à la médecine de guerre et s’entraîneront à constituer des colonnes d’extraction pour sortir les blessés d’un lieu pris d’assaut sous la protection des forces de l’ordre.
La commission a donc souhaité proposer des mesures opérationnelles… reste à savoir si ces travaux seront suivis dans la mesure où les refontes des services représentent un travail de longue haleine… et que l’élection présidentielle est susceptible de bouleverser le calendrier.
Politique / Loi travail : fin du match ?
La loi travail adoptée. Ne voulant plus perdre de temps, le premier ministre a eu recours au 49-3 pour la deuxième lecture à l’Assemblée. Les députés n’ont donc pu ni débattre, ni voter. Ils ont jusqu’à mercredi 15h pour déposer une motion de censure. Le député frondeur Christian Paul a d’ailleurs indiqué qu’il allait en discuter avec ses collègues. Un compromis avait pourtant été trouvé pour éviter le passage en force. En effet, près de 130 parlementaires socialistes avaient proposé un amendement sur l’article 2 pour limiter l’impact des accords d’entreprises sur la rémunération des heures supplémentaires. Toutefois, le ministre chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a estimé que son contenu était différent de ce qui avait été promis initialement. De son côté, la droite parlementaire n’a pas déposé de motion de censure. Le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée, Christian Jacob, a déclaré vouloir laisser Manuel Valls à son champ de ruines. Cet ultime recours au 49-3 a permis à Christiane Taubira de refaire parler d’elle. L’ancien Garde des Sceaux a déclaré que sans débat, la démocratie était un astre mort. Rapelons que le recours au 49-3 pour la loi Macron ne l’avait pourtant pas fait démissionner l’été dernier.
Côté contestation, les syndicats ont défilé pour la 12ème fois et la mobilisation s’est belle et bien essoufflée. Les services de police ont compté 7 500 manifestants à Paris. Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, n’a même pas pris part au cortège, invoquant un débat à Strasbourg. Le syndicaliste a indiqué que ce rassemblement serait le dernier.
Société / Les travailleurs détachés dans le viseur
L’Europe est-elle en train d’éclater en miettes ? Après le Brexit, les questions fusent. L’Italie s’apprête à renflouer ses banques au mépris des nouvelles règles bancaires européennes. L’Espagne et le Portugal ont annoncé qu’ils refuseraient les sanctions de Bruxelles pour non respect des règles en matière de déficits publics… et c’est au tour de Manuel Valls d’annoncer que la France pourrait ne plus appliquer la directive européenne sur les travailleurs détachés… Floriane Jeannin
C’est surréaliste, mais pourtant vrai : on ne sait pas combien de travailleurs détachés européens sont employés en France, essentiellement dans le bâtiment… D’après la commission nationale de lutte contre le travail illégal… ils étaient environ 230 000 en 2014… Problème : en 2013, un rapport parlementaire parlait déjà de 220 000 à 300 000 travailleurs détachés en France ! En 2015, selon le ministère du travail, ils étaient 285 000. Mais certains économistes pensent qu’ils sont au moins 500 000, en comptant ceux qui travaillent illégalement en France, au noir.
Qui sont les travailleurs détachés en France ? D’abord, des Polonais, suivis par des Portugais et des Roumains… Les Polonais et les Portugais retournent une fois par mois ou tous les deux mois dans leur famille, avec leur paie en poche… des lignes de bus internationales leur sont mêmes dédiés, partant le vendredi soir, revenant le lundi matin de bonne heure, à temps pour embaucher.
Pourquoi les entreprises du bâtiment… principalement… font appel à des travailleurs détachés ? Parce qu’ils coûtent, évidemment nettement moins cher… Si les travailleurs détachés sont en théorie rémunérés au même salaire que les travailleurs français… parce que c’est la règle, les charges sociales prélevées sur leur fiche de paie sont celles de leur pays d’origine. Dans les faits, bien des contrôles révèlent que les travailleurs détachés sont souvent payés moins cher, parfois moitié prix, notamment, en trichant tout simplement sur le nombre d’heures déclarées. Ce qui réduit aussi d’ailleurs le montant des cotisations…
Si la France devait, demain, renoncer à appliquer la directive sur les travailleurs détachés, on ne sait pas trop ce qu’il adviendrait d’eux. Les entreprises françaises qui les emploient seraient elles contraintes de payer des cotisations en France, au taux français, cotisations qui ne créeraient pas de droits à ces travailleurs en France, en dehors d’un droit au chômage ? Seraient-ils massivement renvoyés chez eux, parce qu’ils ne seraient plus rentable financièrement de les employer en France… créant d’un seul coup d’un seul des centaines de milliers d’emplois disponibles pour des travailleurs français ?
En fait, c’est un peu comme pour le Brexit… personne ne sait vraiment ce qui va se passer après la sortie de l’Europe, pour le Royaume-Uni… personne ne sait vraiment non plus ce qui pourrait se passer en cas de coup d’arrêt au travail détaché en France. Une seule chose est sûre : il semblerait que les règles européennes créent plus de problèmes aux Etats membres qu’ils ne leur apportent de solutions, et que le démembrement de l’Europe de Bruxelles est bien en cours…
International / L’ingérence de l’ONU au Soudan
L’ONU serait-elle devenue une force d’occupation. Mercredi, le Conseil de sécurité des Nations Unies a décidé de prolonger d’un an sa mission au Darfour, une région du Soudan grande comme la France. De leur côté, les autorités de Karthoum demandent le retrait des casques bleus. Pierre Bergerault
L’ONU s’octroie le droit de rester au Soudan contre l’avis des autorités du pays. L’organisation invoque “l’absence de progrès dans la réalisation des objectifs fixés et une insécurité permanente”. Il y aurait, selon ses estimations, au moins 300 000 morts depuis le début du conflit en 2003 et 2,6 millions de déplacés. Malgré un cessez le feu conclu en octobre dernier entre le Front révolutionnaire soudanais et Khartoum, les combats ont repris à la mi-janvier.
Le prolongement de la mission de l’ONU est toutefois contesté. En effet, le pouvoir de Karthoum et l’Union des ONG arabes dénoncent le manque d’efficacité des forces onusiennes notamment quant à la protection des camps de réfugiés. De leur côté, la Russie, la Chine et l’Egypte, proches des autorités soudanaises, ont préféré envisager le retrait progressif des casques bleus soulignant les progrès sécuritaires au Darfour. L’envoyé spécial du Soudan aux Nations unies, Omer Dahab Fadel Mohamed, a déclaré qu’il n’y avait plus de rebelles armés dans la région et que la résolution ne reflétait pas la situation sur le terrain. Selon lui, 800 000 déplacés internes sont revenus au Darfour et le contexte humanitaire s’est améliorée. Nous avons interrogé l’africaniste Bernard Lugan. Il nous explique ce qu’il en est de la situation sur place.
L’actualité en bref
– Riposte Laïque face à Anne Hidalgo ! Lundi soir, l’association dirigée par Pierre Cassen organisait un rassemblement en opposition à la célébration de la fin du Ramadan à la Mairie de Paris. Sur la place du Trocadéro, différents intervenants bien connus de nos téléspectateurs ont pris la parole. Nos confrères de TV Patriotes étaient sur place, nous les remercions pour les images.
– Dans une république exemplaire voici Agnès Saal ! Si Sully avait déclaré que labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France, copinage et recasage sont celles du quinquennat Hollande. En effet, après avoir été condamnée à 3 mois de prison avec sursis et 4500 euros d’amendes pour le scandale des 40 000 euros de frais de taxis quand elle était à la tête de l’INA, Agnès Saal réintègre le ministère de la culture. Sa mission ? Veiller au respect de la diversité et de l’égalité dans le recrutement et les avancements professionnels. Elle aura au moins son mot à dire sur la diversité des chauffeurs de taxis !
– Manuel Valls crispe les Corses ! Le premier ministre en visite sur l’île de beauté a refusé les principales revendications des indépendantistes, notamment un statut spécial de résident. Le chef du gouvernement a assuré la prolongation de l’arrêt Miot qui réduit l’impôt sur les successions en Corse. Manuel Valls a toutefois réaffirmé avec force l’appartenance de la Corse à la République française et l’usage du français comme seule langue officielle.
– La sonde américaine réussit sa mise en orbite autour de Jupiter. Partie en 2011, Juno est arrivée autour de la plus grande planète du système solaire ce mardi matin à 5h53 après un voyage de 2,7 milliards de kilomètres. Elle réalisera 2 fois le tour de la géante gazeuse d’ici octobre avant de s’insérer sur son orbite de travail. Jusqu’en février 2018, la sonde effectuera un tour toutes les 2 semaines. Son objectif, comprendre comment la géante gazeuse s’est formée et avec elle les autres planètes du système solaire.
Et ce soir, retrouvez “Passé Présent”. Catherine Gourin et Philippe Conrad évoqueront la figure de l’homme politique Pierre de Bénouville et reviendront sur l’attaque du train Glascow-Londres, appelée “casse du siècle”. André Posokhow évoquera ensuite le devoir de réinformation historique. Merci de votre fidélité, à demain, bonsoir !